BuZZlaliFe

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Peut mieux faire ! (ou comment sombrer dans l'incomplétude)

A l'école, la majorité des commentaires de mes profs se résumaient à ces quelques mots : PEUT MIEUX FAIRE ! ...

Cette petite phrase avait le don de m'énerver et de m'humilier. 

Peut mieux faire que qui ? Que le premier de la classe ? Que le bonnet d'âne de la classe voisine ? 

Peut mieux faire par rapport à quoi ? A d'éventuelles aptitudes ignorées de moi mais connues d'eux seuls  ? 

Que savaient-ils de moi ces profs pour savoir mieux que moi ce que j'étais en capacité de faire ou de ne pas faire ?

Et si cette phrase était vraie, elle impliquait alors que j'était faignante ? Une jenfoutiste ? Une perdante ? 

Ces quelques mots qui avaient, je pense, pour but de me motiver à davantage de travail, n'ont eu aucun autre impact que de poser noir sur blanc mon incapacité à trouver cette meilleure partie de moi-même qui pouvait mieux faire. 

 

Les années ont passées, cette phrase est restée dans mon cerveau comme une espèce de panneau indicateur d'une personnalité faignante qui ne peut pas s'améliorer.

Cela ne m'empêche pas de vivre, de travailler ou quoi que ce soit, mais cela, par exemple, est un frein à l'écriture d'un éventuel bouquin qui reste en état de larve, parce que moi-même j'en suis une (pas au sens péjoratif mais au sens entomologiste. Métaphore quand tu nous tiens 😋)

 

Non pas que je me déteste ou me dévalorise, cela m'est passé.

C'est surtout que je vis avec une certitude inconsciente que je ne suis pas complète, car il manque cette part de moi-même, celle qui peut mieux faire !

Du coup me voilà bloquée dans une frise temporelle qui m'empêche de devenir le papillon que j'aurais pu être ! 

Un des symptôme, et non le moindre, est cette manie de tout vouloir finir vite.

De la sonnerie du réveil matin jusqu'au coucher, j'ai hâte de finir de faire ce que j'ai à faire.

J'ai hâte de prendre mon déj, j'ai hâte de finir la promenade des chiens, j'ai hâte de prendre le train, j'ai hâte d'arriver au boulot,  hâte de finir chacune de mes activités professionnelles pour passer à la suivant, hâte de finir de manger, hâte de finir de boire mon café... Inutile que je vous retrace la journée complète vous avez compris le principe.

Pour tout ce que je fais, de manière semi-inconsciente, c'est ce leit motiv qui m'anime. 

Pourquoi ? Parce que aucun de ces actes ne provoque cette complétude tant recherchée. 

Cette quête est désespérée car je suis déjà complète, mais comme on m'a toujours laissé croire le contraire, j'ai recouvert ma complétude d'une quête inaccessible qui me prend chaque seconde de mon temps, de mon énergie. 

 

Au-delà de mes professeurs utilisant cette pédagogie inversée, il y a eu ma mère, mon père, ma famille, mes amis, l'école, la culture, notre civilisation...

En fait c'est une sociabilisation entière qui nous montre le chemin à suivre pour devenir des êtres parfaits.

Car pour être parfait, complet, tu dois savoir marcher, finir ton repas, dire bonjour à la dame, être bon à l'école, être gentil avec ses frères et soeurs, être aimable avec les gens, être poli et intelligent, si tu es beau, c'est mille fois mieux, si tu n'es pas beau, tu peux encore devenir graphique (ce qui est graphique peut être moche du moment que c'est esthétique et recherché) grâce par exemple à un look original qui fera oublier ta disgrâce.

Chaque fois que tu passes un stade, on te montre à quel point tu serais mieux/meilleur, plus aimé, plus regardé, plus accepté par tes pairs, plus admiré même, plus riche évidemment,  avec un level one +1, +2, +3...

Cela ressemble beaucoup à ces jeux vidéos où tu dois vaincre à chaque niveau un petit boss (celui où tu apprends à être ce qu'on attend de toi), jusqu'à vaincre le boss des boss (tu deviens le plus fort, le plus beau...), niveau final sans lequel tu es condamné à rester un looser, pour le restant de tes jours.

Et tout au long de ta vie, on te motive à l'aide de la carotte et du bâton avec pour point de mire, un mieux-être, une victoire sur le normal, un échappatoire au médiocre, une quête insensée vers...Dieu ?  

Jamais au grand jamais, on ne te dira que tu es complet tel que tu es, qu'il n'y a rien à chercher, qu'il n'y a pas besoin de courir après une perfection car tu es déjà un être parfait. 

On te dit que c'est un pêché de croire en ta propre perfection, que cette croyance fait de toi un être prétentieux, un narcissique et que c'est mal 👿 ! 

On te bassine en te promettant la pire vie du monde si tu t'obstines à ne pas vouloir évoluer vers ceci ou vers cela.

On alimente ta peur de la mort, du vide, de la pauvreté, de la déchéance si tu refuses le mouvement.

On te tire, on te pousse, on te traine ta vie durant, tu peux et tu pourras toujours mieux faire ! 

Il n'y a jamais de fin

Sauf si tu décides de croire, ici, aujourd'hui, que tu es un être complet tel que tu es, que rien ne te manque, que tu peux enfin souffler et prendre vraiment le temps. 

Le temps d'être présent à chaque acte de ta vie, présent avec tes peurs, tes faiblesses, tes qualités, les défauts de tes qualités, sans cette angoisse existentielle.

Il est temps de laisser partir cette fameuse "peut mieux faire", cela ne te concerne plus. 

Tess, tu es parfaite, complète

No stress

 

 



25/12/2022
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