Essai
La fête des voisins partie 1
(25 mai 2010)
De loin en loin, je croise mon beau voisin. Vous savez, celui du 3ème !
Il a un regard moqueur et un sourire ravageur lorsqu'il me voit. Du coup, je sens derechef, le rouge me monter aux joues et la honte me paralyser. Je me débrouille donc toujours pour rester loin de lui.
Il n'y a pas que lui que je dois éviter d'ailleurs !
Ma charmante voisine de pallier Germaine est attachante, mais plutôt chiante ! Si vous lui offrez une oreille attentive une fois, vous lui êtes redevable pour le reste de votre vie.
En plus, comme j'ai eu la naïveté de lui donner mon numéro de portable, elle m'appelle tous les quatre matins pour me raconter ses petites misères et gros chagrins.
Mon voisin d'à côté, à qui j'ai donné un coup de main lorsqu'il en avait besoin, pense que chez moi, c'est chez lui et il vient sonner (toujours de manière péremptoire), dès qu'il y a "un truc". Quand je dis "un truc", c'est tout et n'importe quoi, et ça nous rend dingues, mon mari et moi.
Il comprend tout de même qu'il ne faut pas pousser le bouchon trop loin et nous laisse régulièrement des plages d'absence où nous pouvons souffler un peu (mais pas trop longtemps). Il nous remercie aussi en nous offrant des cadeaux. Et là, c'est imparable ! Allez mettre à la porte un gars qui vient avec un drapeau blanc...
Heureusement pendant un certain temps, Germaine et Antoine se sont trouvés et ont mélangé leur solitude. J'étais enfin libre ! (ou presque) !
Sauf que bien sûr, avec leur caractère réciproque, l'amitié n'a pas duré.
Et c'est dans mes bras qu'est venue pleurer Germaine, m'expliquant être tombée amoureuse d'Antoine, lui-même attiré par la meilleure amie de Germaine (plus alléchante il est vrai), Marthe.
Celle-ci, déjà en main, ne veut absolument pas entendre parler d'Antoine, qu'elle trouve un brin manipulateur. Il est vrai que se servir de l'une pour attirer l'autre, ressemble à une tentative infantile de manipulation dérisoire.
Germaine et Antoine sont donc fâchés, ils se sont même envoyé des courriers afin de s'expliquer sur les raisons de leurs réactions excessives ou non.
Cependant, se rejetant la faute l'un sur l'autre, ils ont fini par décider que chacun resterait chez soi et les moutons seraient bien gardés...
En fait, depuis (leur séparation), je suis au centre d'une sorte de guerre des nerfs, dont je serais le grand prix. Germaine me prend à partie, joue la victime d'un affreux manipulateur pervers et redouble de coups de téléphone pleurnichards.
Antoine quant à lui, tient le rôle du saint père, outré par les tentatives de sape d'une alcoolique notoire.
Je me demande quel est le pire des deux finalement...
Ces deux oiseaux là habitent côté rue et passent beaucoup de temps à la fenêtre.
En fait, il n'est pas rare, que j'ai à peine le temps d'arriver à ma porte que déjà l'un ou l'autre téléphone ou vienne sonner (et là, je vous laisse deviner qui fait quoi.)
Je fais donc le tour depuis quelques jours, par l'autre entrée, histoire de voler quelques instants de solitude, le temps de coucher leur histoire sur du paperblog.
Ne vous inquiétez pas, des voisins comme ceux là, il y en a pleins d'autres !
Je suis certaine que vous trouverez les vôtres, si vous ne les avez pas déjà !
Pour les news, je vous tiens au courant.
Vous saurez dans le prochain épisode, si Antoine et Germaine se sont pardonné ou ont continué à s'envoyer des missives explosives.
N'ayant pas vu de cadavre dans les couloirs, je pencherais pour le silence radio.
dimanche 23 mai
Petite visite courtoise chez ma voisine Germaine qui va bien. Antoine et elle ont fait une trêve le temps d'une entraide de bon voisinage. Comme quoi tout n'est pas perdu.
Ce bon saint Antoine pour l'instant s'est changé en fantôme, ce qui n'est pas plus mal.
L'aventure c'est l'aventure
(3 juin 2010)
6h40 du mat (précise), mon portable sonne et me tire comme tous les matins de la tiédeur de ma nuit douillette pour me projeter directement dans les turpitudes de la journée à venir.
Luttant contre mes draps encore chaud, je m'extirpe tant bien que mal de mon vaisseaux de rêves et frissonne de déplaisir au contact de l'air humide ambiant.
Vite, aller se laver, s'habiller et déjeuner pour éviter de penser.
Une fois de plus je me fais une frayeur en entrant dans la salle de bain : un monstre dans la glace me regarde sans complaisance de son air blafard, on dirait qu'il va mourir.
Non en fait c'est juste moi qui ne suis pas encore réveillée...
Un rapide coup d'oeil dans le miroir de pied me confirme que j'ai encore pris un kilo, ce que j'avais cru remarquer la veille en voulant enfiler mon jean préféré.
Foutue pré-ménopause ! A force d'essayer de contenir toute cette graisse, mon pantalon fait des trous !
Je me prépare dans le brouillard un petit déj sans consistance. Je n'arrive plus à manger le matin tant j'ai l'impression que mon estomac est descendu dans mes talons. Un café au lait me suffit.
Je m'installe (pour le principe) à table, et une minute et demie plus tard ma pause est déjà finie.
Je fais quelques (demi) pompes, histoire de lutter encore un peu contre l'attraction qui tire ma peau et mes seins vers le bas, je fais quelques caresses aux chats, puis je sors mon vieux chien.
16 ans déjà que je promène cette bestiole matins et soirs.
Mon vieux canin vieillit lui aussi, mais en silence.
C'est un courageux pépère aux poils blancs et au caractère en acier trempé. Je ferais mieux de prendre exemple sur lui.
Une demi-heure d'un pas tranquille dans la rosée du matin me laisse le temps de me réveiller et surtout de retrouver un peu d'optimisme.
J'exagère toujours tout. C'est une habitude.
Je pense, aux pays du tiers monde, du quart monde, à la pauvreté, à la souffrance, à la violence, à toutes ces horreurs qui peuplent notre planète.
Je sais à quel point j'ai une chance infinie de faire partie de ces 10% de la population mondiale qui ont TOUT.
Je culpabilise à mort. Je me mortifie. Je me flagelle. Je m'insulte copieusement, je me punie. Et pour finir, je me rend compte que tout va bien pour moi et que tous ces gémissements, ces atermoiements, ne sont que des fadaises, des conneries de quelques rares gens au ventre plein, qui n'ont pas d'autre souci qu' une vie facile, réglée comme du papier à musique, tranquille, monotone, ronflante...bref, une vie dont rêve tous les autres.
Une fois cette étape franchie, je peux me préparer mentalement à la deuxième : lavage de dent (celles qui me restent), maquillage (on peut toujours y croire), puis départ pour les transports en communs.
C'est encore la récréation que je préfère. Je bouge, je croise des gens, je compare ou je me rince l'oeil, je me fais draguer (je rêve !), tout en écoutant mes musiques nostalgiques préférées.
Cela dure en tout 45mn, mais je ne vois pas le temps passer. Et pour peu qu'il y ait des grèves ou des problèmes techniques, ça devient comique.
J'essaie de ne pas me projeter au moment fatal où je serais au travail. A chaque instant suffit sa peine !
Je trompe donc le temps en m'imaginant une vie riche d'émotions, de voyages au bout du monde, d'histoires romantiques dont je serais l'héroïne vieillissante mais toujours aguichante, d'instants immortels de rencontre avec dieu.
Une vie palpitante où jamais hier ne ressemblerait à aujourd'hui et encore moins à demain.
Une vie aux côté de l'homme de ma vie, qui serait un mélange entre un super héro et un sage millénaire, avec qui je me sentirais toujours femme, en sécurité sur le fil de la vie, mais vivante, vibrante (oui, mon plus grand défaut est d'être une incorrigible romantique dans la peau d'une matérialiste patentée...Allez demander à dieu le pourquoi de ce mélange !)
Puis je reviens aux tristes réalités de l'existence : je ne suis que ce que je suis. Rien de plus, rien de moins et je ne peux pas faire mieux !
La journée de travail se passe....Il n'y a tellement rien à en dire, que c'est encore pire que le reste de ma vie.
Je voulais faire de l'artisanat d'art, apprendre la tapisserie, le crochet, le macramé, avoir une boutique et travailler sur mes œuvres en tenant mon petit commerce. J'aurais bouclé mes fins de mois en écrivant des livres, des poèmes...
Le destin a fait que je suis dans l'administration...Pour écrire, j'écris (je suis secrétaire), c'est presque pareil ! :)
Heureusement, dans le travail, il y a des gens (avec qui je m'entends plutôt bien, à part ceux que vous connaissez déjà) et qui dit gens, dit mouvement, vie...Et quels qu'ils soient, grâce à eux, je survie. Je tiens ou je crie. Ils comblent mon vide, mon ennui, mes envies. Ils deviennent mes passions, mes soucis.
(suite à venir...Un jour...Peut-être...)
C'est la fête des voisins (part 2)
(5 décembre 2010)
Depuis le mois de mai, j'avais ignoré volontairement ma voisine de pallier Germaine, suite à sa pénible pseudo aventure avec Antoine.
Ce week end, invité (obligée) d'une petite fête donnée par cette chère et vaillante Germaine pour ses 60 ans, je me retrouve stupéfaite face à un type qu'elle me présente fièrement comme étant son petit ami.
Le gars est plutôt mignon mais il me parait tout de même largement plus jeune que notre héroïne du jour.
Comme je suis une femme et donc que je ne pense pas à mal (formatage quand tu nous tient !), je laisse couler mes doutes dans le bonheur de cette nouvelle.
Je me dis tout de même qu'un torrent d'eau a coulé sous les ponts en l'espace de quelques mois et je suis drôlement surprise du résultat.
Je ne vais pas au bout de mes surprises en apercevant assis sagement à côté de Marc ( l'amoureux de Germaine), Antoine et Marthe !
Vous savez, grâce au lien en début de texte, qui est qui et pourquoi. Si vous l'ignorez encore, je vous invite à vous plonger dans l'univers fantastique du bon voisinage (toujours avec ce même lien).
Je retrouve donc le trio infernal ainsi que d'autres convives autour d'une table bien garnie d'apéros divers, dans un état d'ébriété avancé (sauf Antoine qui ne bois pas et l'amoureux dont la sobriété m'interpelle quand j'y repense aujourd'hui).
Germaine rayonnante de bonheur, d'une part parce qu'elle est déjà bien allumée par l'alcool, d'autre part parce qu'elle est heureuse de la présence de tous ses amis et encore plus d'avoir trouvé un homme aussi jeune et beau qui veuille bien d'elle, passe son temps à nous embrasser et à nous caresser.
N'y tenant plus au bout de quelques minutes, elle me prend à part afin de me raconter ses périples sentimentaux (qui ne sont plus des déboires) et me demander mon avis sur son petit ami.
Elle m'apprend qu'il a 45 ans, qu'il vient du sud, qu'ils se sont rencontrés il y a tros mois par l'intermédiaire d'une amie commune, qu'ils dorment ensembles mais ne couchent pas car c'est trop tôt...
Question : qui ne veut pas passer à l'acte : elle ou lui ?
Je lui répond que son copain est canon, qu'elle en profite pour s'éclater tant qu'elle peu, et que ironiquement, sa meilleure amie Marthe est aujourd'hui célibataire (chose qui ne lui est pas arrivé depuis son 14ème printemps).
Germaine me rétorque avec force que cette fois, la croqueuse d'homme ne lui piquera pas le sien (il me semble déceler comme une légère rancune... :), puis folle de joie, elle retourne à sa petite sauterie.
Du coin de l'oeil, je surveille tout de même cet extra terrestre qu'est Marc.
Il prend soin de Germaine comme d'une mère avec qui il aurait des rapports incestueux (oh Tess ! C'est vraiment très triste de balancer des horreurs pareilles ! )
Il est prévenant, sobre (mais ça je l'ai déjà dis), réservé, distant avec les autres femmes, reste toujours très près de Germaine que cette situation porte aux anges.
J'ignorais que de leur côté, les hommes de la fête et voisins de Germaine, avaient vite fait de cataloguer ce nouveau venu dans la race des gigolos et faisaient déjà des pronostics sur sa façon de soulager notre naïve vieille fille de ses maigres revenus.
Je m'inquiète d'entendre ce genre de réaction unanime de la part des hommes et je me dis que s'ils sont tous beurrés dans le même moule, j'ai effectivement du soucis à me faire pour le bonheur de Germaine.
Il va falloir que je me penche sérieusement sur la question...
PS : Ne vous inquiétez pas, évidemment je vous tiens au courant !