Tristesse
Le règne de Machiavel
Une grosse, une énorme pensée pour ces femmes Iraniennes si courageuses qui enlèvent le voile et à ces hommes qui leurs sont solidaires face aux intégristes tortionnaires.
Pensées à toutes celles et ceux qui luttent contre l'oppression, la violence, la cruauté
Pensées à toutes celles et ceux qui oeuvrent pour la paix, la planète, l'amour universel
Vous avez guidé mes mots pour ce texte.
Je vous admire et je suis de tout coeur avec vous !
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Le diable, installé devant son canapé en cuir de peau d'éléphant, était en train de regarder la télé, un verre de Romanée Conti cuvée 1945 à la main, un Havane dans l'autre.
Il se bidonnait tout en regardant les actualités
Enfin le monde lui ressemblait !
Faut dire qu'il n'avait pas chômé ces dernières années.
Il avait potassé les cours de stratégies, de tactiques militaires, de techniques de manipulation et il était passé maître dans toutes ces matières.
Puis Il avait observé l'homme longtemps, car l'homme était ambivalent : sa force et sa sauvagerie d'un côté, son désir de faire le bien de l'autre.
Puis, ayant compris le maniement du mental de celui-ci, il avait distillé en lui le goût du pouvoir et à sa grande stupéfaction, il s'était rendu compte que de ce seul vice, découlaient tous les autres.
Ainsi naquirent les conquêtes des terres, des richesses, les guerres de religion.
Mais ce n'était qu'une partie de l'arsenal nécessaire à la montée en puissance de l'homme.
La solidarité disparaissait grâce à une savante, une magistrale orchestration de la division, l'alcool, la drogue faisait taire les plus rebelles.
La pauvreté, la maladie achevait son oeuvre.
Le diable regrettait pourtant de ne pas être l'instigateur des catastrophes naturelles, bien qu'indirectement et pour certaines d'entre elles, il en était responsable.
Il se délectait des répercussions si violentes et assassines causées par les sécheresses, inondations et pollutions diverses, directement issues des abus au seul nom de l'argent.
Alors, voir son plan se dérouler à une vitesse exponentielle dans une société dite civilisée, le remplissait de joie.
Ainsi comme dieu avant lui, il avait créé des plaies du monde
Il compta sur ses doigts :
- Dictatures
- Guerres
- Tortures
- viols
- Exécutions
- Famines
- Maladies
- Pillage des ressources naturelles
- Pollution
- Commerce outrancier
- Addictions
- Destruction animale
- Cruauté gratuite universelle
- Atrophie de l'intelligence
- Esclavagisme
La dictature était la plaie qui l'inspirait le plus.
A elle seule, elle les regroupaient toutes en une infernale machinerie d'horreurs.
D'ailleurs de plus en plus de pays choisissaient ce mode sociétal et cela fonctionnait très bien !
Bientôt, il en serait ainsi du monde...
"Dieu m'a laissé la terre" pensait le diable, et j'en ai fait mon enfer.
Il le remercia alors en silence dans une courte prière.
Puis il se reprit.
Il n'était pas pleinement heureux.
Il restait encore une partie de la population humaine qui ne trempait pas dans ses manigances.
Pas les démocraties, non.
Elles ne représentaient guère plus qu'une épine dans son sabot.
Elles étaient déjà grâce à un capitalisme effréné, tombées dans son machiavélisme sous couvert de sécurité du territoire, de sublimation de la peur à grande dose de manipulations éhontées.
Ces pays n'hésitaient pas à user de drogues, de malbouffe et de délabrement de l'éducation pour arriver à diriger leur nation. C'était même encore plus vicieux car les humains ne se rendaient même pas compte de leur asservissement et ne pensaient pas à se rebeller.
Non
Ce n'était pas non plus les efforts solidaires de quelques uns pour le contrer, efforts minimes, perdus d'avance grâce au pouvoir immense de l'argent.
Non
Son vrai, son sérieux problème, celui qui malgré le temps et les efforts, n'avait pas pu être réglé, celui qui siècles après siècles perdurait et lui gâchait son plaisir, c'était les femmes....
Pas toutes bien sûr, certaines s'étaient adaptées et avaient même adopté le point de vue de leurs tortionnaires, voire même les avaient dépassé, mais cela restait encore trop rare.
Une grande partie ressentaient encore des sentiments nobles, amoureux, protecteurs.
Elles connaissaient l'empathie, la bonté, la solidarité, elles représentaient un risque bien trop grand pour le diable et sa cause.
De plus, elles entrainaient avec elles d'autres hommes et des enfants qui auraient pu rejoindre ses rangs.
Il allait s'occuper d'elles et éteindre leurs flammes
Pour l'aider dans cette tâche, il avait d'infinies possibilités et des millions de tortionnaires en devenir.
Il allait encore pouvoir s'amuser
Le diable lécha goulument les doigts où avait coulé un peu de ce nectar si doux et pris son téléphone.
Sa liste de contacts de despotes était longue et il avait tellement d'idées à leur proposer, nul doute qu'il y arriverait...
"Femme, vie, liberté" Je t'en foutrais gommela-t-il entre ses canines
Un sourire aux lèvre, il commença à saisir alors le premier numéro de son répertoire maléfique.
Pendant ce temps là, Dieu, prisonnier unique de l'enfer, se morfondait.
Assis sur un rocher bordant une falaise de flammes, il réfléchissait.
Seul oui, car toutes les légions avaient filé de l'abîme bouillonnante pour se répandre sur cette si belle planète qu'il avait mis tant de temps à construire.
"Mais que diable suis-je allé donc faire dans cette galère ?" se demandait-il ?
(car oui, même captif depuis des centaines d'années, l'éternel garde son sens de l'humour)
Le vilain avait avili chacune de ses paroles, chacun de ses actes, pour les tourner en une malveillante suite de préceptes sans queue ni tête tournés vers le pouvoir.
Comment les humains avaient-ils pu croire que le créateur de la vie sous toutes ses formes, leur demanderait un jour de haïr, de pourfendre, de torturer et toutes ces horreurs ?
Comment un père aimant et bienveillant aurait-il pu donner des ordres de tueries sans nom, de violence et de racisme ?
Dieu ne comprenait pas.
C'est vrai, il avait été un père absent, une fois son oeuvre accompli, il s'était éloigné d'elle, croyant son enfant en sécurité.
Il s'était tourné juste une minute, l'univers est si grand, et à son retour il n'avait pu que constater le délabrement de ce si beau jardin.
Il avait voulu alors rattraper son erreur, délaissant ses pouvoirs divins , il s'était fait homme pour parcourir ce monde, et c'est là que le malin et sa horde de soldats démons l'avait fait prisonnier.
Il avait atterri dans les abysses, sans pouvoir se défendre, c'était il y a plus de deux mille ans.
A cette époque, l'enfer était comble, bruyant des cris de rage de bêtes monstrueuses, créations de satan, et ceux d'humains, pauvres âmes en peine, arrivés là par désespoirs de eux-mêmes, par culpabilité, par honte.
Puis cette population avait diminuée avec le temps, les hommes devenant des bêtes et toutes ces bêtes devenant assez puissantes pour envahir la planète.
Jusqu'à ce qu'il n'en resta qu'un.
Un individu que l'on ne sait par quelle magie, ni la manipulation, ni l'ignominie n'avait pu venir à bout de son humanité.
Un homme avec lequel il avait créé des liens forts, tissant un amour filial indestructible.
Oubliés tous les deux dans cet geôle maintenant vide, ils apprenaient l'un de l'autre.
Dieu avait pu découvrir une parcelle de l'histoire de la terre (du moins ce qu'on en savait à cette époque), et lui avait raconté à cet humain un peu de ses secrets merveilleux et terrifiants qu'il pouvait possiblement lui révéler sans le rendre fou.
Un jour, (ou plutôt une nuit car ici la beauté d'un ciel ensoleillé n'existait pas), ce mortel si fragile eu une révélation. Cette expérience métaphysique qui change un homme en Humain grâce à une perle intérieure nommée la conscience, eut tôt fait de le renvoyer sur terre en un claquement de seconde.
Son désespoir s'était mué en espérance à l'instar de la pierre philosophale qui transmute le plomb en or (quoi que dieu n'avait rien contre le plomb) et avait mis un terme à son enfermement. Désormais libéré de ses fantômes, il s'était émancipé, seul.
C'était arrivé si vite qu'ils n'avaient même pas pu se dire aurevoir...
"Je me demande ce qu'il est devenu, je ne lui ai jamais demandé son nom" se reprocha Dieu en frissonnant.
Car l'éternel avait appris à ressentir les émotions humaines et désormais, il était prisonnier de sa culpabilité.
Il avait laissé faire ce désordre et il en payait le prix.
De plus, en renonçant à ses pouvoirs, il était devenu l'instrument de la destruction, une sorte de complice par abandon.
Le diable plus fier à chaque visite, lui rendait compte de ses avancées machiavéliques pour annexer la Terre, mais jamais l'éternel n'avait mis en lumière le cas de cet humain parvenu à se libérer de ses démons intérieurs, afin de ne pas éveiller l'intérêt du vilain.
Il se contentait d'écouter les récits atroces racontés par son antagoniste en sombrant de plus en plus dans la dépression.
Cependant, une clarté résiduelle brillait encore en son for intérieur, l'éveil de celui qu'il appelait son fils, en fil conducteur.
La conscience ne pouvait être éteinte pour ces milliards d'êtres vivants, et celle-ci une fois éveillée pouvait également se propager.
Mais pour le moment, il ne pouvait être qu'un spectateur passif et résigné devant la pièce de Faust que lui jouait le malin.
Il avait appris de l'homme, il apprendrait du coquin...
Un jour, nonchalamment il demanda à celui-ci
"Vois, je n'ai plus aucun pouvoir, je ne peux plus rien contre toi. Je suis seul ici et je m'ennuis. Ne voudrais-tu pas me donner un compagnon d'infortune ? Ainsi nous serions deux à écouter tes exploits !"
La ficelle était un peu grosse, mais le faquin trouva l'idée si drôle qu'il acquiesça et dans un grand rire, fit apparaitre un enfant, puis il disparu dans un courant d'air fétide.
L'enfant apeuré, était un petit garçon d'une dizaine d'années qui fondit en larme dès qu'il se trouva en présence des deux hommes. Puis, une fois le nuage nauséabond disparu, il couru se réfugier derrière de grosses pierres non loin de dieu.
Solitude
(19 février 2010)
Elle voit du haut de ses 40 ans
Sur elle, la solitude se refermer inexorablement...
Mon amie, ma tristesse
Chaque jour te déchire et te blesse
Il te faut faire le deuil de cette famille rêvée
De cet enfant qui n'est pas né
Il te faut puiser la force de continuer
Matin après chagrin, cette existence torturée
Le temps s'accélère alors que ta vie ralentie
Rythmée d'espoirs et de désillusions le jour
De cauchemars et de larmes la nuit
Tu calcules les contres et les pours
Des raisons de ta survie
Tu comptes les heures qu'il reste à ton horloge biologique
Pendant que la maladie sonne le glas de tes rêves de maternité
Tu te demandes alors -"Mais pourquoi suis-je née ?"
Pourtant quelque part dans le ciel
Il est écrit que le bonheur est en sommeil
Et qu'il ne tient à rien que tu le réveilles
Chaque peine a son antidote
Tu es le soleil de ton chagrin
Chaque âme est son propre despote
Mange la vie à ta faim
Aime-toi
En dépit de cette souffrance, en dépit de cette maladie
Contre vents et marée, avançons en amitié
Avec le rire au cœur lorsque le temps est aux pleurs
Avec l'amour de cette vie, même s'il y fait gris
Ne cherche pas dans l'illusion les réponses à tes questions
Les anges gardiens sont de chairs et de sang
Ils sont là, face à toi, même s'ils ne sont pas ceux que tu crois
Ne désespère pas, l'amour est toujours là, même s'il ne se voit pas.
Le père
(28 aout 2010)
Il est un dicton qui dit que les grandes souffrances sont muettes.
Il est vrai
Ce texte traduit si peu ma douleur qu'il en est presque ridicule.
Mais il est un hommage que je veux rendre
Il sera donc exposé...
Pardonnez ce maladroit poème
Il n'est qu'un pâle reflet du malheur qui m'habite
De ce vide affectif encore plus profond aujourdhui
Comment est-il possible d'aimer autant quelqu'un
Et de ne pas s'en rendre compte...
Kalou,
Je n'aurais jamais cru que ton absence
Puisse créér une douleur si intense
Cette déchirure de mon coeur
Etouffant mon cri dans le malheur
La souffrance...
Pourtant,
Tu étais là, cette nuit dans mon rêve
Pénétré de ce sourire si doux
De cette fabuleuse présence
Oh combien vivant...
Tu étais là, toutes ces années,
Quelque part dans ma vie, mon passé
Je n'ais pas pu me résoudre à t'oublier
Tu sais toi, combien je t'ai aimé
Kalou,
Je pense à ta famille
A cette femme que tu aimais
Avec qui tu voulais refaire ta vie
Avec qui tu as partagé la mort,
Je pense à ton fils, à sa détresse
A ce mauvais coup du sort
Je regardes ces photos
Tous ces maux que tu laisses
Quand tu vogues vers ton ile au trésor
Kalou,
Avec tout mon amour
Je te souhaite un bon retour
Vers le royaume de l'éternel enfant
Que tu es resté malgré tous ces détours
Adieu, mon ami, mon frère de coeur
Tu me manques depuis
Tu me manques toujours
Hypocondrie
(22 septembre 2010)
Chère amie
Tu t'imagines malade quand d'autres se voudraient bien portant
Tu t'inventes des affections orphelines, de graves dérangements
Tu exposes tes "syndromes", tes symptômes fleurissants
A de vrais cas de pathologie grave, c'est navrant !
D'un revers agacé de la main, tu esquives la critique
Tu refuses le dialogues, les arrangements
Tes infirmités à toi sont atypiques, forcément !
Les médecins sont des idiots qu'ils ne voient pas ce que tu as
Et tous leurs examens ne servent qu'à vider ton livret A
Tu as trouvé dans la compassion des autres, un remède à tes apitoiements
Ta vie est désormais comblée des visites des spécialistes et des médicaments
Tes amis disparaissent, remplacés peu à peu par les infirmières, les aide soignants
Que t'importe ! Une maladie grave il te faut absolument !
Ta quête d'éternité est remplacée par le mensonge, la fatalité
Tu es poursuivie par la guigne, les mauvaises pensées,
Tu sombres dans un faux monde, tu t'y laisses couler.
Et tu balayes d'un bloc tout ce qui pourrait t'en empêcher
Y compris tes dernières amies et leur bonne volonté
Moi aussi j'en ai assez, et de ta vie je ne veux plus faire partie
Tu vas m'écouter une dernière fois ressasser tout ce qui ne va pas chez toi
Puis comme d'habitude, tu vas reprendre ton train train
Renonçant sans sourciller à notre camaraderie
Pour ta nouvelle amie, hypocondrie
Soies tranquille, je ne me mettrais plus en travers de son chemin
Aménage toi un coin d'hôpital pour tes prochains jours
Et méfies toi du mal, il pourrait bien réclamer sa carte de séjour
l'adieu à mon ami de quatre pattes
(27 novembre 2010)
Cela fait déjà deux jours que tu nous a quitté, pour le paradis des chiens dit-on, ça me fait marrer !
On me parle comme à une enfant, de la mort qui vient d'étendre son voile sur tes yeux devenu blancs
Je n'ai pas besoin de réconfort, ta souffrance s'est endormie pour toujours, tu es arrivé à bon port
La vieillesse outragée te regarde t'enfuir désormais libéré, elle ne pourra plus t'humilier ni t'avilir
Que m'importe mes larmes ! J'ignore ce chagrin qui frôle mon esprit et qu'avec force je bannis
J'ai écris le mot FIN sur 16 ans de vie commune, il ne reste ce matin qu'un peu d'encre et ma plume
Bien sûr tu reviendras me hanter ! Dans ce couloir si sombre, je surprendrais une ombre, une chimère ouatée
Vieux compagnon de voyage, je te reconnaitrais et à travers mes larmes, je te sourirais
Nous partagerons quelques secondes encore nos souvenirs, puis je te laisserais à nouveau partir
Je te fais une caresse, un calin gros comme une maison, un jour -mais y a rien qui presse - nous nous reverrons
Fin du monde ?
(17 novembre 2009)
Depuis que je suis jeune je rêve de la fin du monde.
Dans ces cauchemars d'apocalypse, je suis un guide qui doit conduire quelques survivants à travers une terre dévastée par les tremblements de terre et les volcans.
Nous savons tous très bien que notre fin est irrémédiable, mais nous luttons de toutes nos forces pour repousser cet instant fatidique où nous serons totalement impuissant face à la mort.
Alors 2012 ? La fin du monde ? Oui j'y crois.
Et plus encore, j'ai l'impression que c'est aux portes de cette mort, qu'enfin je naitrais, juste pour ce moment où tout bascule avant de sombrer dans le néant.
Est-ce que j'ai peur ? Peur de souffrir ? Peur de mourir ?
Oui comme tout le monde ! Mais je sens au fond de moi qu'une guerrière sommeille prête à renaitre des cendres de Tristesse et à relever le défi de la survie.
C'est comme se battre contre une angoisse phénoménale en prenant des anxyolitiques, des calmants, en buvant ou en se droguant et découvrir une fois face à sa peur la plus profonde, qu'en fait, c'est elle notre impulsion du coeur, notre circulation sanguine, notre source de vie.
Je me demande ce que ressentira l'homo sapiens qui se croyait "catastrophe naturelle permanente", qui se voyait "dieu", quand il se redécouvrira simple mortel, pauvre animal fragile captif d'un pan de terre qui s'écroule, dernier vestige d'une race en voie d'extinction imminente.
Trop tard !!!!