L'aventure c'est l'aventure
(3 juin 2010)
6h40 du mat (précise), mon portable sonne et me tire comme tous les matins de la tiédeur de ma nuit douillette pour me projeter directement dans les turpitudes de la journée à venir.
Luttant contre mes draps encore chaud, je m'extirpe tant bien que mal de mon vaisseaux de rêves et frissonne de déplaisir au contact de l'air humide ambiant.
Vite, aller se laver, s'habiller et déjeuner pour éviter de penser.
Une fois de plus je me fais une frayeur en entrant dans la salle de bain : un monstre dans la glace me regarde sans complaisance de son air blafard, on dirait qu'il va mourir.
Non en fait c'est juste moi qui ne suis pas encore réveillée...
Un rapide coup d'oeil dans le miroir de pied me confirme que j'ai encore pris un kilo, ce que j'avais cru remarquer la veille en voulant enfiler mon jean préféré.
Foutue pré-ménopause ! A force d'essayer de contenir toute cette graisse, mon pantalon fait des trous !
Je me prépare dans le brouillard un petit déj sans consistance. Je n'arrive plus à manger le matin tant j'ai l'impression que mon estomac est descendu dans mes talons. Un café au lait me suffit.
Je m'installe (pour le principe) à table, et une minute et demie plus tard ma pause est déjà finie.
Je fais quelques (demi) pompes, histoire de lutter encore un peu contre l'attraction qui tire ma peau et mes seins vers le bas, je fais quelques caresses aux chats, puis je sors mon vieux chien.
16 ans déjà que je promène cette bestiole matins et soirs.
Mon vieux canin vieillit lui aussi, mais en silence.
C'est un courageux pépère aux poils blancs et au caractère en acier trempé. Je ferais mieux de prendre exemple sur lui.
Une demi-heure d'un pas tranquille dans la rosée du matin me laisse le temps de me réveiller et surtout de retrouver un peu d'optimisme.
J'exagère toujours tout. C'est une habitude.
Je pense, aux pays du tiers monde, du quart monde, à la pauvreté, à la souffrance, à la violence, à toutes ces horreurs qui peuplent notre planète.
Je sais à quel point j'ai une chance infinie de faire partie de ces 10% de la population mondiale qui ont TOUT.
Je culpabilise à mort. Je me mortifie. Je me flagelle. Je m'insulte copieusement, je me punie. Et pour finir, je me rend compte que tout va bien pour moi et que tous ces gémissements, ces atermoiements, ne sont que des fadaises, des conneries de quelques rares gens au ventre plein, qui n'ont pas d'autre souci qu' une vie facile, réglée comme du papier à musique, tranquille, monotone, ronflante...bref, une vie dont rêve tous les autres.
Une fois cette étape franchie, je peux me préparer mentalement à la deuxième : lavage de dent (celles qui me restent), maquillage (on peut toujours y croire), puis départ pour les transports en communs.
C'est encore la récréation que je préfère. Je bouge, je croise des gens, je compare ou je me rince l'oeil, je me fais draguer (je rêve !), tout en écoutant mes musiques nostalgiques préférées.
Cela dure en tout 45mn, mais je ne vois pas le temps passer. Et pour peu qu'il y ait des grèves ou des problèmes techniques, ça devient comique.
J'essaie de ne pas me projeter au moment fatal où je serais au travail. A chaque instant suffit sa peine !
Je trompe donc le temps en m'imaginant une vie riche d'émotions, de voyages au bout du monde, d'histoires romantiques dont je serais l'héroïne vieillissante mais toujours aguichante, d'instants immortels de rencontre avec dieu.
Une vie palpitante où jamais hier ne ressemblerait à aujourd'hui et encore moins à demain.
Une vie aux côté de l'homme de ma vie, qui serait un mélange entre un super héro et un sage millénaire, avec qui je me sentirais toujours femme, en sécurité sur le fil de la vie, mais vivante, vibrante (oui, mon plus grand défaut est d'être une incorrigible romantique dans la peau d'une matérialiste patentée...Allez demander à dieu le pourquoi de ce mélange !)
Puis je reviens aux tristes réalités de l'existence : je ne suis que ce que je suis. Rien de plus, rien de moins et je ne peux pas faire mieux !
La journée de travail se passe....Il n'y a tellement rien à en dire, que c'est encore pire que le reste de ma vie.
Je voulais faire de l'artisanat d'art, apprendre la tapisserie, le crochet, le macramé, avoir une boutique et travailler sur mes œuvres en tenant mon petit commerce. J'aurais bouclé mes fins de mois en écrivant des livres, des poèmes...
Le destin a fait que je suis dans l'administration...Pour écrire, j'écris (je suis secrétaire), c'est presque pareil ! :)
Heureusement, dans le travail, il y a des gens (avec qui je m'entends plutôt bien, à part ceux que vous connaissez déjà) et qui dit gens, dit mouvement, vie...Et quels qu'ils soient, grâce à eux, je survie. Je tiens ou je crie. Ils comblent mon vide, mon ennui, mes envies. Ils deviennent mes passions, mes soucis.
(suite à venir...Un jour...Peut-être...)
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