Poésie (du moins j'espère :)
Papa
(19 octobre 2009)
"Notre père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous restons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie."
Ces vers de Prévert, riment avec mon père
Ils les récitait souvent
Associés à jamais avec Reggiani
Mon père était fâché avec dieu
Avec l'idée même de dieu
Et ne manquais jamais
De lui montrer...
Il faut dire que la souffrance
C'était une affaire de famille
Et qu'on se la refilait comme un héritage maudit
Depuis des générations
Survivre plutôt que vivre...
Ramper au lieu de marcher...
Désespérer au lieu de croire...
Pleurer des larmes de sang...
Et éduquer la future génération
A poursuivre...
Il t'en a fallu des doses d'alcool Papa
Pour tenter d'oublier tout ça
Pourtant ce passé boomerang
Est toujours revenu te hanter
Et t'a emporté dans la mort
A travers la maladie qui te rongeait
...les souvenirs...
Il t'en a fallu de la bonne volonté Papa
Pour continuer d'avancer
Pour aimer malgré tout
Cette vie si difficile
Pour lui offrir des enfants
Une vie de labeur
Dans la peine comme dans la laideur
Dans la tristesse comme dans la pauvreté
Et tu y es arrivé
Parfois même
Tu l'as aimée
Lorsque tu arrivais à lui voler
Quelques instants de beauté cachée
Quelques brides de souvenirs joyeux
Pas encore tâchés
Pas encore fâchés
Avec la réalité
Pars en paix Papa
Tu l'as bien mérité
Je chantonnerais pour toi
"Notre père qui êtes aux cieux
Restez y
Et nous nous restons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie" .
Liberté
Ni de près
Ni de loin
Ne la vois
Ne l'entend
Ne la sens
Ne la touche
Ni plus tard
Ni jamais
Ne connaitrais au passage
L'oiseau ou le mirage
L'attente
(19 décembre 2009)
Instant immobile
Posé entre passé et futur
Figé entre raison et passion
Excitant moment du possible
Rien n’existe, tout est latent
L’expérience est à naître
Son espérance est joyeuse
Sa perspective envoutante
L’attente est intemporelle
Déroutante, enivrante
L’attente est immatérielle
Créative, surprenante
Instant des réminiscences amovibles
Posé entre rêve et réalité
Figé entre sagesse et folie
Exaltant moment de l’impossible
Miroitant tes envies, mes désirs
Je suis pourtant là, mais absente,
Je me love dans tes souvenirs
Entre larmes et rires
Je renais de tes murmures, de tes soupirs
Je suis vivante quand tu respires
Je t’aime encore pourquoi mentir
Chevauchant le dragon
(7 février 2010)
Avec les souffrances passées j'ai conclu une trève
La peur à disparue, la colère est en grève
Chevauchant mon dragon, devenu mon allié
Je plane sur mon monde en toute liberté
En sécurité sur mon fier destrier
Ma peur du vide, je peux enfin affronter
Unifiée je suis, en partie grâce à toi
Mon frère de coeur, mon doux roi mage
Aujourd'hui j'accepte mes émois
Le temps de ma vie n'est plus à l'orage
Il m'a fallu du temps pour comprendre le message
Et l'aide précieuse d'un ami de passage
La vie me fait un cadeau en m'ôtant cette charge
Car du dénie, je ne suis plus l'otage
Mon homme (ex)
(16 avril 2010)
Il faut tout de même que je rende hommage à cet homme avec qui je traverse avec plus ou moins de bonheur, cette vie.
Il faut avouer qu'elle ne fut pas tendre avec nous,
Mettant sans arrêt notre amour à l'amende, notre couple en péril, nos instincts en vadrouille.
Comme si elle s'acharnait chaque jour à nous démontrer que nous n'étions pas fait pour vivre ensemble.
Nous, aux caractères si diamétralement opposés
Nous, si individuellement égoïstes, égocentriques,
Avec un bagage si lourd à porter
C'était perdu d'avance...
Qu'est-ce qui fait alors que nous ayons tenu aussi longtemps l'un dans l'autre, l'un avec l'autre ?
D'aucun diront que c'est grâce au sexe (il est vrai qu'entre nous ça a toujours bien fonctionné, mieux encore en vieillissant).
Certains penseront que les problèmes divers et variés nous ont rapproché quand d'autres couples auraient craqués.
A une époque où les mariages "kleenex" deviennent si courant, comment se fait-il que certains couples s'acharnent à continuer à vivre ensemble pour le pire plus que pour le meilleur ?
Faut-il réellement avoir envie de construire quelque chose pour cimenter ce mur des lamentations et monter une maison durant plus de 23 ans (en ce qui nous concerne).
Faut-il vraiment croire à cette union "sacrée" pour continuer à la sacraliser même au bout de tant d'années.
Faut-il que malgré les aléas de l'existence, résiste quelque part dans le couple ce besoin de la partager avec sa moitié promise et mariée ?
Peut-être est-ce juste par lâcheté ? Par peur de la solitude ? Pour fuir l'inconnu ?
Je ne sais pas vraiment, et puis est-ce si important ?
Toujours est-il que ce soir en refaisant le point, je me rends compte que le prince charmant tant recherché se cache peut-être sous mon nez :
Mon Homme !
Il me connait par coeur
Repère dans mes mimiques, mes humeurs
Sais ce que je pense,
Comprend ce que je dis
Accepte ma folie
Avec lui, je n'ais pas honte de ce que je suis,
Et quand sa bouche me dessine un sourire, je n'ais plus peur de l'avenir.
Alors si ma vie est devenue un long fleuve tranquille contre mon gré, dans un vieux canapé aux ressorts bousillés,
C'est tout simplement que quand le vin est tiré, il faut le boire !
Je boirais donc jusqu'à la lie cette vie avec lui, profitant des moindres instants de cette surprenante tranquillité enfin trouvée.
Qu'il en soit ainsi.
Survie
(23 avril 2010)
Je suis venue à toi
Appelée par ta détresse
Il n'y avait personne d'autre que moi
Pour partager ta tristesse
Apâtés par l'odeur du sang
Les loups rôdaient en hurlant
Nous avons alors allumé un feu
Bu un café pour deux
Nous avons parlé des heures durant
De la vie, de la mort de l'instant
De la maladie, de la folie, du traitement
De l'importance des amis pour le restant
La nuit peu à peu s'est éloignée
Pendant que nos rires au loin résonnaient
L'aube sereinement s'est levée
Pendant qu'au soleil, nos âmes se réchauffaient
Aujourd'hui, tu es pratiquement guéris
Et chaque jour tu remercies
Le ciel de ses bienfaits
Dans ta vie, il n'y a pas de "mais"
Aujourd'hui, c'est toi qui tend la main
Sans relâche, tu aides ton prochain
Avec toi le terme Humain
N'est pas prononcé en vain
Je te dédie cette humble poésie
Toi l'homme de bien qui poussé par la folie
Un jour est devenu mon ami
Et je te dis un grand, grand MERCI !
L'avenir
(5 aout 2010)
Mon avenir est une page blanche sur laquelle je ne veux plus rien inscrire
Demain n'existe pas, il est un mensonge, un moyen de se fuir
Demain est une envolée extatique à laquelle mon âme aspire
Demain est une projection onirique de mon coeur qui soupire
Et ce devenir radieux jamais ne m'appartient
Il s'envole, se dissout, dès que nait le matin
Quand la triste réalité vient le remplacer
Quand mes rêves un autre viens me voler
Afin de les substituer aux siens
Et faire de ma vie une peau de chagrin
Alors à partir de demain je le jure,
Plus de projection, de futur
L'instant sera l'important
Seul comptera le présent
Plus de doute, plus de question
Plus de route toute tracée, ni de prévision
Je ne serai plus l'esclave de mes déceptions
Libre de toute illusion, je voguerai vers la perfection
Mais pas tout de suite...
Il me reste encore des aspirations
J'ai toujours de l'imagination et des songes à foison
Je veux encore quelques minutes, quelques heures
Te regarder vivre au creux de mon coeur
Souffrir encore un peu de ton absence
Et pour demain, à mes côtés, espérer ta présence
Les autres
(11 novembre 2010)
Je ne sais pas ce qui m'inspire autant dans la foule,
Les visages si différents, la beauté des traits ou leur laideur,
Les vêtements, les postures, les couleurs,
Ou simplement la vie qui coule librement
Dans le flot ininterrompu des passants
A moitié voyeuse, je surprends les pensées,
J'analyse les gestes, j'aime ou je déteste
Mais toujours je recherche
Dans le regard du passant
Dans le sourire de l' enfant
La réponse à mes tourments
J'absorbe l'énergie de toutes ces vies
J'observe, j'attends, j'épie
Un signe qui m'éclairerait
Une vérité qui éclaterait
L'inattendu qui me libérerait
Les autres comme autant de "je"
Les "eux " comme "je ne suis pas"
Mais que serais-je donc sans toi ?
Sans "vous", sans "eux"?
Qui est là et qui n'y est pas ?
L'univers entier
Dans cet instant précis où je vous vois
Aussi volatile et imprécis que ma pensée futile
Aussi pur et condensé que la vie qui y circule
La foule est un creuset alchimiste
Où dieu a caché la pierre philosophale...
La Foule Illuminée est une gigantesque sculpture de Raymond Mason, installée à Montréal, Avenue McGill Collège. Elle représente un groupe de 65 personnes qui sont censées symboliser la dégradation de la race humaine et la fragilité de l'espèce.
J'aurais voulu être un artisan
(1er janvier 2012)
Ça y est, elle est là !
La nouvelle année est arrivée !
Cette fois c’est sûr, elle n’apportera avec elle que de bonnes nouvelles !
Elle exaucera tous mes désirs, verra disparaître toutes mes peines
Comme un bon génie sortant d’une bouteille de "Beaujolais"
Elle effacera toutes mes rancœurs, dissoudra toutes mes peurs
Elle fera naître dans le cœur de l’homme la bonté, la solidarité
La Paix Universelle posera ses ailes dorées sur notre monde
Nous serons tous libres et égaux, l’Amour sera notre unique créneau
Et nous vivrons heureux jusqu’à la fin des temps....
Tant la bouteille va aux tonneaux qu'à la fin elle se brise
Et entraîne dans ses débris mes rêves évanouis
Ce matin de la nouvelle année, je me sens désenchantée
J'ai mal à la tête et des nausées, je suis désemparée
Les rêves de la veille et la gaieté ont fait place au fatalisme et à la sobriété
Je me perds dans cette détestable réalité, pleine de soupirs et de reproches
J’aimerais encore oublier, juste quelques secondes, une éternité
Pour l’heure, que je n’arrive pas à lire tant je tremble
Tant mon cerveau dans ma tête semble vouloir exploser
Je me ressers un verre, le premier de cette nouvelle année
Je fais don de mes neurones, de ma liberté de pensée
A cette dose quotidienne d’anéantissement cosmique
Je troque mon intelligence et mon sens critique inné
Contre ma ration d’abrutissement chronique
J’offre mon indépendance, mon corps tout entier
Pourvu que se taise ma couardise cyclique
J'échange ma raison, ma réflexion, ma rébellion, ma religion
Contre quelques gouttes de coma éthylique
Pardon espoirs de cette nouvelle année
Mes paradis artificiels ont encore de beaux jours devant eux...
Songe d'une nuit pluvieuse
(12 juillet 2012)
Lumière au bout du tunnel, je marche sans forcer, la liberté est le chemin
Les kilomètres s'ajoutent aux espoirs d'un lendemain qui chante
Mes vêtements tombent un à un sans que je songe à les ramasser
Le dépouillement est de rigueur lorsque l'on cherche la pureté
J'avance seule, je n'ai plus peur, la solitude est le destin
La nuit compte mes pas, elle veille sur mes errances
Mes chaînes cèdent et disparaissent dans un bruissement d'ailes
L'allègement est nécessaire pour qui veut s'envoler
Je divague le long de mes émotions exacerbées par les ténèbres
Je veux, j'attends, j'espère, je prie, j'invoque, je pleure, je rie
Cherchant à toucher l'âme d'un monde hors de ma portée, je crie :
Espaces infinis, voyez-moi ! Je suis enfin prête à subir le tsunami....
La pluie qui tape aux carreaux avec force me réveille, ironique et mordante
-"Tu n'obtiendras pas ta réponse cette nuit, c'est ainsi !
Rendors-toi dans le confort languissant de ta prison dorée
Laisse au matin le soin de te faire oublier tes espoirs de délivrance
Tu n'es pas faite pour la solitude, et sans elle, point de liberté !
Marche tant que tu veux, pourvu qu'à l'aube tu rentres à l'écurie quérir ta pitance"
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Lumière au bout du tunnel, musique céleste, ça y est ? J'y suis ?
-"Oui ma fille, tu y es, c'est l'heure d'aller bosser.
-J'ai bien dormi ! J'ai fait un drôle de rêve !
Je ne me souviens plus, mais peut-être que cela vaut mieux....
- Peut-être ma fille, peut-être...
Allez, lève-toi et marche, tu vas être en retard !"