Le chiffonnier
En fouillant dans mon grenier, j'ai retrouvé un vieux, un très vieux chiffonnier
Après avoir ôté la poussière qui le recouvrait, j'ai entendu des murmures qui s'en échappaient
Au milieu de ces chuchotements coulaient des rires en cascades, et puis des gémissements
Il y avait aussi dans le bruissement des mots, de longs et douloureux sanglots,
Les cris d'une colère trop longtemps contenue, la haine, la guerre et puis des mots obtus
Le chiffonnier débordait de notes de musique de jazz ou bien classique
De symphonies vertigineuses aux rythmes endiablés et de mélodies paresseuses
De chants A cappella aux trémolos languissants, de silences à quatre temps
De mélopées envoûtantes et sombres qui s'amenuisaient dans la pénombre
De battements de tambours survoltés, de congas ou de djembés
En ouvrant les tiroirs j'y ai retrouvé certains mystères, l'autre côté du miroir
Quelques non-dits, de pieux mensonges, des illusions puériles et bien des songes
Des désirs assouvis à la respiration haletante, de l'amour que les mots cimentent
Des plaisirs interdits librement consentis, des contraintes par corps volontairement choisies
Et tout ce que je n'ai jamais pu partager, le coeur et l'âme de mon jardin secret
J'ai refermé un à un les tiroirs sur mes souvenirs, mes errances et mes espoirs
Sans regret, avec juste un peu de mélancolie, Après tout de cette vie, j'ai tiré le meilleur parti
Et puis, maintenant est un bien grand présent pour qui veut vivre pleinement
J'ai reposé sur le chiffonnier, un vieux drap de lin tout usé, refermé la porte du grenier
Il me reste tant de choses à faire et à découvrir avant d'à mon tour, définitivement partir
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