La Faim du Monde
Le monde s’éteint de la faim
A tous les niveaux, elle se déploie, elle s’exprime…
Il y a ceux qui ont faim de sensations
Qui meurent de la peur de ne pas exister
Qui voudraient à toute fin se prouver
A quel point ils importent dans cette société
Qui brûlent la vie par les deux bouts pour tout expérimenter
Qui se noient dans la platitude, dans la banalité
Qui souffrent de la certitude, de la sécurité
Tels des spectres avides, ils courent après la renommée,
Veulent quoi qu’il en coûte passer à la postérité
S’y brûlent les ailes et perdent leur intégrité
Nos sociétés créent aussi des angoissés
Qui s'empiffrent par manque d’attention,
Par manque d’affection, par culpabilité,
Des machines à bouffer par réflexe conditionné
Tiraillés entre leur insatiété et le besoin de normalité
Prêt à mourir de leur obésité
Prêt à dégueuler tout ce qu'ils auront avalé
A se transformer en antithèse de ce qu'ils ont été
A devenir anorexique, à finir leur vie en clinique
Pour compenser leur manque d’identité
Pour répondre aux critères en vigueur de la beauté
Prêt à mourir pour exister
Puis il y a la faim qui décime des populations entières
Qui voit tous les jours l’aube se lever sur des charniers
Des familles agonisantes, souffrantes, dévastées
A qui on raconte que chez nous on mange à volonté
Que nos poubelles sont si pleines qu'on ne sait plus où jeter
Qui ne comprennent pas pourquoi ils meurent affamés
Quand nous dégénérons de trop manger
Qui aimeraient que cela cesse, que le monde vienne les aider
Et ne recueillent que notre indifférence, au mieux notre avare pitié
Des pans de civilisations se dissolvent par les chairs putréfiées
Des morts-de-faim-des-pays-du-tiers-monde, oubliés
Laissés-pour-compte, à leurs misérables sorts abandonnés
La faim du monde continue de se déployer
Elle étend ses ailes dans l’indifférence, dans la lâcheté
Dans la raison du plus fort, du plus friqué
L’horrible souffrance est muette, muselée
Elle poursuit dans la honte, sa danse macabre et osée
Sous les yeux auto-bandés des pays dits "civilisés"
La liste des morts de faim continue de s'allonger
Dans cette sombre nuit d'inhumanité
Je ne sais que faire, je ne sais que pleurer
Le fléau n'est pas la faim, il est la voracité
L'Homme est un cannibale assoiffé
Qui se mangerait lui même si cela devait lui rapporter...
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